1980 ou 1981.
Les trois soeurs en été à Chaumont (dans la maison de Janine)
Sur la gauche, Lily Ralph se tient à côté de Janine Solane. Bangor est allongée, souriante mais déjà très fatiguée. Les trois soeurs ont été toute leur vie proches les unes des autres dans la même complicité.
Restée la dernière, Janine Solane (*), aujourd'hui, partage son temps avec sa fille et ses petits enfants, dans sa grande Maison de Chaumont.

Janine Solane vient de nous quitter ce lundi 17 avril 2006.

Article paru dans l'édition Le Monde du 09.05.06

Janine Solane, danseuse, chorégraphe et pédagogue, est morte lundi 17 avril. Elle avait 94 ans.

Née en 1912, cette figure des années 1940 avait cumulé des formations approfondies en danse classique, danse expressionniste, mais aussi dans le style d'Isadora Duncan. C'est à partir de ces différentes techniques qu'elle avait élaboré une écriture très personnelle baptisée "danse classique naturelle", symbiose insolite surtout marquée par l'élan et la liberté duncanienne et un souci rythmique aigu.

Dans un rapport étroit avec la musique (elle aimait tout particulièrement Bach), sa danse s'inscrivait néanmoins dans une certaine modernité, à l'époque où le classique dominait le terrain et s'imposait comme seule possibilité de reconnaissance.
Janine Solane vit l'une de ses chorégraphies sélectionnées dans la catégorie "moderne" pour le fameux concours des Archives internationales de la danse en 1932. Figure emblématique de l'époque, elle ouvrit cette même année une école qu'elle baptisa "Maîtrise de danse Janine Solane" et qui accueillit des centaines d'élèves. Grande soliste, éprise de personnages forts comme Jeanne D'Arc, cette "sculpture en marche", selon l'expression du chorégraphe Dominique Dupuy, était aussi une excellente meneuse de troupe. Après la seconde guerre mondiale, ses galas, régulièrement donnés au Théâtre de Chaillot, présentaient des spectacles-fresques rassemblant près de 150 jeunes femmes. Depuis 1980, la Maîtrise, toujours située rue de la Grande-Chaumière à Paris (6e), est dirigée par la fille de Janine Solane, Dominique Solane, qui perpétue l'esprit ouvert et la ligne artistique généreuse de sa mère.